Les populations du village de Gandigal considèrent la décharge, installée dans leur village, comme Mbeubeuss. Selon une enquête, cette décharge reçoit 500 tonnes de déchets solides par jour dont 200 voire 225 tonnes en provenance de la commune de Mbour. Elles ont mis sur la table les effets néfastes de cette décharge de Gandigal sur la santé lors de l’incinération de produits prohibés d’une valeur d’un milliard de francs Cfa par les Douanes de Mbour et de Joal-Fadiouth.
Par Alioune Badara CISS – A Gandigal, les populations sont inquiètes. Elles constatent la transformation de leur village en une zone de dépotoir géante. Serigne Modou Diagne, chef de village de Gandigal, situé dans la commune de Sindia, explique les conséquences de cette situation : «L’incinération des ordures avec la fumée qu’elle dégage empêche les habitants de ce village de respirer. Et cela a beaucoup de conséquences sur la santé des populations. Les cas de personnes atteintes d’asthme sont devenus très nombreux dans ce village. En plus de cela, certains habitants ont vendu leurs maisons pour aller habiter ailleurs à cause des ennuis que cette décharge cause aux populations.» Aujourd’hui, la façon dont fonctionne cette décharge déplaît fortement aux habitants de Gandigal. «Des camions viennent chaque jour de Dakar avec des pneus qu’ils vont débarquer ici. Et c’est vers 19 h qu’ils vont brûler ces pneus avec les ordures, une grosse fumée noirâtre va envahir tout le village. Ceci durant toute la nuit, personne ne peut respirer, personne ne peut même avoir une bonne visibilité. L’odeur vient jusque dans nos chambres, même avec l’encens, l’odeur reste toujours présente», déplore Serigne Modou Diagne.
Face à cette situation, les habitants de Gandigal ne veulent plus continuer à vivre dans ces conditions. Ils espèrent un environnement tranquille, moins dépollué. Pour y arriver, des correspondances ont été envoyées aux autorités, mais ils vivent toujours le calvaire. «C’est pourquoi nous avons profité de la présence de la presse ici, lors de l’incinération de marchandises prohibées saisies par les Douanes, pour lancer notre cri du cœur pour qu’une solution soit trouvée à notre problème. Nous voulons que cette décharge soit réglementée, tout le département de Mbour vient déverser ses ordures ici. Ce sont au total 16 communes. Vous imaginez la quantité d’ordures qui est déversée ici. C’est pourquoi il doit y avoir une organisation parfaite. Et cela passe d’abord par sécuriser les lieux avec des vigiles compétents, pour pouvoir contrôler en permanence les camions qui viennent de Dakar avec des pneus pour les brûler ici, au grand désarroi des populations», conseille le chef de village de Gandigal.
Toutefois, ce village se dit conscient que cette décharge ne peut être délocalisée. Que faire ? «Il faut savoir qu’avec une délocalisation de cette décharge, les communes du département n’auront plus un site où mettre leurs déchets. On avait même envisagé de barrer la route pour empêcher les camions d’entrer ici, mais les communes de Mbour, de Sindia, de Ngaparou et même la Sapco seraient les premières à avoir des problèmes, parce qu’elles n’auront pas où mettre ces ordures. Nous sommes d’accord pour que le site soit dans notre village, mais au préalable il faut que les responsables organisent cette décharge pour ne pas impacter négativement les populations de Gandigal», ajoute-t-il.
En plus du problème de santé publique provoqué par cette décharge, les populations ne dorment plus que d’un seul œil. Il y a la question de l’insécurité à cause de la présence des récupérateurs. «Cette décharge présente aussi un problème de sécurité, il y a des clandestins, des boudioumen et toutes sortes de personnes qui peuvent perpétrer tout le temps des agressions dans ce village», ajoute le chef de village.