Bassirou Diomaye Diakhar Faye, Amadou Ba, Khalifa Ababacar Sall et Aliou Mamadou Dia sont les seuls candidats sur 19 à avoir dépassé les 44 mille voix. Comment les 15 autres candidats ont-ils pu passer le filtre du parrainage ?
Par Malick GAYE – La Commission de recensement des votes a annoncé les résultats du scrutin de dimanche dernier. Bassirou Diomaye Diakhar Faye et Amadou Ba ont opéré une razzia. Les deux premiers ont réussi à avoir 90, 07% des voix. Le chef de l’Etat élu a obtenu 54, 28% et son second 35, 79%. Les 17 autres candidats se sont partagé 9, 93% des votes. Sur les 17 candidats, seuls Aliou Mamadou Dia et Khalifa Sall ont réussi à récolter plus d’un pour cent des voix. Ils ont respectivement obtenu 2, 80 et 1, 56% des suffrages valablement exprimés. Ils étaient plus de 7 millions de Sénégalais appelés à choisir leur Président, 4 millions 519 mille 253 électeurs ont voté, portant le taux de participation à 61,3%, et 3991 bulletins nuls ont été enregistrés.
Contre toute attente, le candidat de la majorité n’a gagné que 4 régions sur 14. Il s’agit de Matam, Kédougou, Kolda et Tambacounda. Les dix autres sont tombées dans l’escarcelle du candidat de l’ex-Pastef. Ces résultats ont fini de mettre à nu le système de parrainage. En effet, hormis Khalifa Sall, Amadou Ba, Diomaye Faye et Habib Sy, les autres candidats avaient choisi le parrainage citoyen. Il leur était demandé de présenter 44 mille parrains au moins et 58 mille au plus. Chose qu’ils ont réussie à faire pour passer ce filtre. Seulement, au regard des résultats, il est nécessaire de s’interroger sur la sincérité des parrains.
En effet, seuls les 4 premiers au classement ont pu égaler ou dépasser le nombre de parrains qui leur avait été imposé. Instauré en 2017, le parrainage devait éviter d’avoir des listes pléthoriques de candidats. Au regard des résultats, ce système ne semble pas être en mesure de jouer pleinement son rôle ou alors les politiques ont trouvé le moyen de le contourner. Sinon comment expliquer qu’un candidat ayant passé ce filtre n’ait pu avoir au moins le même nombre de voix ? Cela rappelle toutefois le débat sur le fait que l’on peut parrainer un individu, sans toutefois voter pour lui à l’élection. Ce qui a peut-être été ici le cas. Par ailleurs, Khalifa Ababacar Sall, qui avait choisi le parrainage parlementaire, avait expliqué son option en ces termes : «J’ai choisi le parrainage parlementaire parce que celui avec les citoyens n’est pas fiable. Des gens utilisent d’anciens fichiers électoraux pour remplir leurs fiches. D’autres achètent des signataires via des regroupements de femmes ou de jeunes. Il faut vraiment revoir le parrainage citoyen, car il n’est pas sincère et représentatif.»
Les 15 candidats qui n’ont pas pu franchir la barre d’un pourcentage de parrainage ont-ils acheté des signatures ou ont ils copié sur les anciens fichiers ? En attendant d’y voir plus clair, on peut déjà affirmer que le militantisme a perdu ses lettres de noblesse. Un homme politique chevronné qui ne parvient pas à réunir 44 mille voix sur son nom ou son programme, devrait difficilement songer à diriger le pays. Autrement dit, si l’on ne peut convaincre 44 mille personnes, comment faire pour trouver une majorité parmi 7 millions ?
De l’autre côté, on peut «s’émerveiller» de la manière dont les choses peuvent changer en 5 années. Le candidat du Pur, M. Issa Sall, avait obtenu plus de 5% en 2019. Et Ousmane Sonko, pour sa première participation, s’était classé troisième parmi les candidats, avec environ 19% des voix. Aujourd’hui, son lieutenant est passé haut la main au premier tour, tandis que leurs alliés du Pur, avec un vivier électoral qui n’a presque pas bougé, ont vu leur candidat Aliou Mamadou Dia s’effondrer de manière assez dramatique.