POLITIQUE

Pêche artisanale : l’Unapas entre le marteau et l’enclume des navires européens et chinois

La pêche artisanale depuis la publication de la liste des bateaux autorisés à pêcher dans les eaux sénégalaises espère revivre ses moments d’antan. Réunis sous l’union nationale des pêcheurs artisanaux (UNAPAS), ces pêcheurs défendent leurs intérêts à travers cette organisation. Le vendredi 10 mai, la cellule de Dakar Ouest a fait face à la presse au quai de pêche de Soumbédioune pour faire étalage de ses préoccupations.C’est dans une ambiance d’un quai de pêche que s’est tenue cette rencontre. Sous une tente servant d’abri aux pêcheurs à des temps perdus est dressée une table de fortune et quelques chaises qui l’entourent. Un large ruban sur lequel est inscrit, “protégeons nos ressources halieutiques disons non aux bateaux chinois et de l’Union européenne”. Après une brève présentation des membres du bureau local et des autres membres de l’Unapas national débute la lecture de la déclaration. Et l’honneur est fait au doyen Sankharé, membre de l’Unapas de Soumbédioune. Dans son adresse, le vieux sexagénaire commence par exprimer le soutien de leur association à l’endroit de Mme Fatou Diouf, ministre de la pêche, des infrastructures maritimes et portuaires. “Nous saluons son engagement et son dévouement exemplaires depuis son entrée en fonction, notamment pour ses efforts dans les audits des bâteaux de pêche et la délivrance des licences”, a-t-il ajouté.

Les bateaux chinois et de l’Union européenne mis en cause

Lors de cette rencontre, il a beaucoup été question des navires chinois et de l’Union européenne. Ces navires étrangers sont sérieusement mis en cause, accusés de concurrence déloyale à l’endroit des pêcheurs artisanaux. Pour Mar Ndaw de la cellule Unapas de Rufisque, le manque à gagner est énorme et inestimable. “Ces bâteaux étrangers ne respectent pas les normes établies par nos Etats. Ils pêchent non seulement dans nos côtes mais utilisent des mailles qui font que même le plus petit poisson est pris dans leurs filets. Ceci à la longue entraîne la rareté du poisson dans nos eaux. Et nous pêcheurs artisanaux nous ne pourrons plus nous procurer de poissons”.
Revenant sur cet aspect, le doyen Sankharé d’ajouter, “ nous avons également rédigé une lettre pour dénoncer certaines pratiques des bateaux chinois. Nous demandons une trêve aux bateaux de l’Union européenne pour permettre à la pêche artisanale de maintenir des niveaux durables de capture. Quant aux bateaux chinois, nous exigeons leur retrait immédiat des eaux sénégalaises, car leur présence non contrôlée menace notre écosystème et nos moyens de subsistance”.

Près de 17 mille pirogues bénéficiaires de licence de pêche

C’est un chiffre jugé insuffisant, au regard du nombre de pirogues que compte le parc piroguier national. C’est d’ailleurs l’une des préoccupations majeures de Biram Mbengue, pêcheur artisanal. Ses pirogues ne bénéficient pas de licence de pêche. Il  fait, donc, partie de ce lot. Dans sa liste le ministère de la pêche a fait état de 17 mille pirogues artisanales bénéficiaires de licence de pêche. “J’ignore sur quelle base cette liste a été établie mais elle ne reflète pas la réalité. Le parc piroguier en ce moment d’après nos estimations fait plus de 20 mille pirogues qui ne font pas partie des 17 mille bénéficiaires de licence de pêche”, a commenté le sieur Mbengue.
Cette même inquiétude est partagée par madame Isseu Guèye de l’Unaspas de Ouakam. Le quai de pêche de Ouakam à lui seul, selon cette dame, a un parc piroguier qui fait plus de la moitié des chiffres annoncés comme étant bénéficiaires des licences de pêche. “ Ceci m’inquiète. Comment nous autres allons faire. Du moment que toutes nos activités tournent autour de la pêche. Nos pirogues seront elles considérées comme  frauduleuses lorsqu’elles pêcheront dans nos eaux ou même au-delà. Ce sont mes inquiétudes. Même si par ailleurs, il faut se réjouir des décisions courageuses du ministre de la pêche madame Diouf”, a -t-elle fait savoir .

A terme, la cellule Unapas de Soumbédioune a sollicité l’ouverture de son quai de pêche, terminé depuis quatre ans. Pour le doyen Sankharé, c’est une infrastructure cruciale pour le développement de la pêche artisanale. Profitant de cette tribune, les membres de l’Unapas ont relayé les préoccupations des pêcheurs du Walo. Ces derniers, informent-ils, “sont confrontés aux pratiques des Maliens qui capturent les poissons après la ponte”. Last but not a least, ces pêcheurs ont demandé à ce que tous les bateaux dans les eaux sénégalaises soient équipés d’un système d’identification automatique (AIS).

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