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Construction et perception du récit migratoire africain : Les médias encouragés à changer d’angle d’attaque

Construction et perception du récit migratoire africain : Les médias encouragés à changer d’angle d’attaque

Les professionnels de l’information et de la communication en Afrique de l’Ouest n’accordent pas trop d’importance au traitement de l’information en lien avec la migration, malgré les enjeux et défis qu’elle pose pour une Afrique qui bouge et un monde en mutation. La migration n’est évoquée dans les médias que sous un aspect «réducteur» et de manière périodique. Les médias accordent plus d’importance aux drames liés à la migration, le chavirement de bateaux, l’arrestation de migrants, entre autres, qu’aux véritables problèmes que pose cette thématique qui a fini de s’imposer au cœur des enjeux mondiaux. Pis, la reprise systématique par les médias nationaux de termes ou autres appellations pour nommer les migrants par la presse occidentale ne donne pas une bonne lisibilité de l’information. Ce qui renforce la perception négative que les populations ont sur la migration et les migrants eux-mêmes.

Le journaliste, le créateur de contenu, le média, de manière consciente ou inconsciente, participent à la création du discours et influencent l’opinion publique et les autres perceptions sur les migrations et les migrants eux-mêmes. A cet effet, dira monsieur Harouna Mounkaila, directeur de l’Ecole normale supérieure de Niamey, responsable du Germes et co-coordinateur du Lmi-Movida, «le système médiatique est impliqué dans la construction de nos préoccupations collectives». Sur la construction des imaginaires et la perception, Harouna Mounkaila d’embrayer : «Les médias jouent un rôle fondamental dans la construction du discours public et la formation de l’opinion publique.» Conscient de la force et de l’importance d’une bonne couverture des migrations pour la déconstruction des clichés, il laisse entendre que «la couverture médiatique de la migration impacte la façon dont les populations perçoivent et réagissent même avec les personnes migrantes».
Pour sa part, Mélodie Beaujeu, docteure affiliée à l’Institut convergences migrations, cofondatrice de l’association Désinfox-migrations, de laisser entendre que si on veut trouver le moyen d’améliorer le traitement qui est fait de la migration partout dans le monde, «il faut arriver à ce que les journalistes puissent se donner les moyens d’accéder aux données issues de la recherche».
Elle informe ensuite qu’il y a de grandes avancées dans la «production de statistiques sur la migration ces dernières années». Intervenant sur «Les enjeux actuels du traitement médiatique de la migration : une perspective comparée entre pays européens et africains», Mélodie Beaujeu a encouragé la «collaboration autour d’un enjeu commun entre associations, journalistes et chercheurs». Ce, dit-elle, pour «déconstruire les préjugés, les idées reçues et améliorer l’information sur les migrations».
Présidente du Réseau marocain des journalistes des migrations (Rmjm), Dounia Mseffer est consciente du rôle prépondérant de la formation des journalistes pour mieux comprendre et appréhender les enjeux migratoires. Parmi les activités de son organisation, elle informe que son réseau à un programme d’études en migrations pour les journalistes ou aspirants dont l’objectif est de «renforcer le traitement de l’information migratoire dans les médias marocains». Dounia Mseffer précise que c’est aussi pour «donner» la parole aux migrants, «diversifier» le discours dans le but de «changer» la perception-même que les journalistes peuvent avoir de la migration et qui pourrait «influencer» leur façon de traiter l’information. L’association travaille en outre dans la «transmission du savoir, savoir-faire entre professionnels journalistes», conclut-elle.

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