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Contrairement à ce que l’on peut croire, le char n’est pas mort » (Charles Beaudouin, commissaire général du salon Eurosatory

Commissaire général du salon Eurosatory et président du Coges, Charles Beaudouin (général de division 2S) dresse un bilan du plus grand salon de l’armement terrestre au monde dans une interview accordée à La Tribune. Parmi les grandes tendances du salon qu’il a identifiées, le grand retour des chars lourds, de la défense sol-air et de l’artillerie de longue portée. Il revient également sur l’état des armées françaises laminées par des coupes budgétaires jusqu’en 2017 et incapables d’engager dans la durée une guerre de haute intensité.L’armée française « est devenue échantillonnaire (parc de 200 chars, une centaine de canon d’artillerie, 67 hélicoptères de combat) et ne dispose que de peu de stocks de munitions de rechange, au point de voir s’effondrer la préparation opérationnelle de ses équipages et groupes » (Général de division 2S, Charles Beaudouin, président du Coges et commissaire général du salon Eurosatory). (Crédits : Coges)LA TRIBUNE – Quelles sont les grandes tendances constatées au salon Eurosatory 2024 ?
CHARLES BEAUDOUIN – La différence entre le salon Eurosatory 2022 et cette édition est totale. En 2022, les budgets de défense de la majeure partie des pays, notamment européens, étaient en décroissance continue (à l’exception de la France). Le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, pourtant symétrique et meurtrier, n’avait pas alerté outre mesure les États, même si on y constatait déjà la prépondérance des drones. On avait oublié la guerre du Donbass de 2014. L’attaque de la Russie contre l’Ukraine fut une surprise et un choc. Il était évident d’emblée qu’elle ne se limiterait pas au Donbass cette fois. Ce conflit interétatique présentait toutes les caractéristiques d’une guerre totale non vue depuis 80 ans en Europe avec son cortège de milliers de morts civiles et militaires, ses destructions de villes et de matériels de combat à grande échelle, ses crimes de guerres.
Dans la sidération, le chef d’État-major de l’armée allemande, l’une de plus puissantes d’Europe, annonçait que son armée n’était pas prête. L’Europe redécouvrait la guerre. Pas moins de dix-sept États annonçaient des hausses de budget de défense et le président de la République Emmanuel Macron décrétait l’économie de guerre en inauguration du salon en juin 2022. D’un autre côté, les industriels – les exposants – sortaient de la pandémie Covid, qui avait très fortement déstabilisé les réseaux export et de sous-traitance. A l’instar de l’industrie automobile, la production des systèmes d’armes était contrariée par le manque d’approvisionnement en puces électroniques notamment. L’Europe constatait son impréparation à la guerre

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