POLITIQUE

Dr Lansana Gagny Sakho sur l’exploitation pétrolière au Sénégal : «Si on ne met pas en œuvre une bonne approche…»

Le Sénégal célèbre avec fierté la production de son premier baril de pétrole. Responsable du parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), Dr Lansana Gagny Sakho émet des réserves sur l’euphorie ambiante. Selon lui, une vision optimiste pourrait conduire à une exacerbation des tensions sociales, notamment vis-à-vis des étrangers.

Par Ousmane SOW – Le Sénégal est entré, ce mardi 11 juin 2024, dans le cercle des pays producteurs de pétrole. La production du premier baril de pétrole du champ de Sangomar a été effectuée en toute sécurité. Evidemment, c’est un jour historique qui marque une nouvelle ère pour l’industrie et l’économie du pays. Mais de cette exploitation pétrolière, Dr Lansana Gagny Sakho, dans un post, émet des réserves sur l’euphorie ambiante et met aussi en garde contre les illusions que ces nouvelles ressources pourraient générer et propose également des pistes de réflexions pour une gestion avisée. Responsable du parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), dans un premier temps, il commence par souligner l’erreur de perception parmi ses concitoyens.

Exploitation des hydrocarbures : Champ de signes

«On annonce en grande pompe la production du premier baril de pétrole du Sénégal. Une grande partie de mes concitoyens pensent à tort que tous les problèmes seront réglés», mentionne l’ancien Directeur général de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas). Selon lui, cette vision optimiste pourrait conduire à une exacerbation des tensions sociales, notamment vis-à-vis des étrangers. «Je ne serais pas surpris d’une exacerbation de la tension contre les étrangers. Un parti politique dit des souverainistes prône déjà la marginalisation de ces derniers qui prendraient le job des jeunes sénégalais», a écrit Dr Lansana Gagny Sakho. Avec une production journalière de 100 000 barils par jour, le Sénégal devrait tirer des revenus globaux de l’ordre de 20 000 milliards sur 30 ans d’exploitation de ses gisements d’hydrocarbures. Mais estime Dr Sakho, cette manne financière pourrait rapidement se dissiper sans une bonne gestion.

Sangomar – Recettes issues des hydrocarbures : Les détails de la gestion de la manne financière

«Si on ne met pas en œuvre une bonne approche, dans 30 ans, nous serons près de 40 millions d’habitants, nous retournerons cultiver des cacahuètes. A l’image de la majorité des pays africains, nous devons éviter d’utiliser les ressources du pétrole pour payer des salaires et la dette publique qui s’élève à date à près de la moitié des ressources qui seront générées par le pétrole sur 30 ans», fait-il savoir. Alors, pour maximiser l’impact de cette nouvelle source de revenus, Lansana Gagny Sakho propose plusieurs pistes de réflexion, notamment la baisse des coûts de production. «La priorité des priorités devrait porter sur la baisse des facteurs techniques de production comme l’énergie», a-t-il souligné, précisant que le coût de l’énergie au Sénégal est à 0, 18 Usd/kwh contre 0, 12 Usd pour la Côte d’Ivoire. «Si on arrange notre pays, la baisse du prix de l’énergie pour la branche industrie pourrait avoir comme conséquence l’arrivée et l’installation de filiales des grandes firmes mondiales. Un prélude pour des solutions à l’épineuse question de l’emploi des jeunes», note-t-il.

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Il propose également le développement des infrastructures de raffinage comme piste de réflexion. Le Sénégal, fort de son expérience avec la Sar, devrait développer ses métiers de la raffinerie pour répondre à la demande accrue. «Il y a une demande urgente pour la construction d’une nouvelle infrastructure du genre et adaptée aux volumes d’un pays exportateur», a-t-il prévenu, ajoutant également que les formations dans le domaine technique constituent une priorité pour le Sénégal afin de s’adapter aux arrivées attendues de nouveaux industriels. Dans la même logique, il propose aussi des réformes dans la gouvernance des entreprises publiques comme la Société africaine de raffinage (Sar) et à la Senelec pour en améliorer l’efficacité. Toutefois, Lansana Gagny Sakho rêve d’un Sénégal industrialisé, à l’image du Qatar ou du Botswana. «Au-delà de la négociation des contrats, rien n’empêche de rêver à une échelle moindre de l’exemple du Qatar pour bâtir un pays industrialisé. Nous pourrions également nous inspirer de Sereste Khama du Botswana dans le cadre de l’exploitation du diamant», dit-il, tout en rappelant aux Sénégalais, les attentes qu’ils doivent avoir pour faire du Sénégal un «eldorado industriel».

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