SANTE

Pandémies : encore un an pour un accord international

Les Etats membres de l’Organisation mondiale de la santé se sont donné encore un peu de temps pour finaliser l’accord de prévention des pandémies qu’ils négocient depuis fin 2021. Ils ont toutefois amendé le Règlement sanitaire international (RSI), un cadre juridiquement contraignant pour répondre aux urgences de santé publique.

Pour boucler l’accord de prévention des pandémies qu’ils négocient depuis plus de deux ans, les 194 pays membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se donneront encore « un délai d’un an, ou moins ». C’est ce qu’a décidé samedi l’Assemblée mondiale de la santé (AMS), l’organe suprême de décision de l’OMS, réuni depuis une semaine à Genève.

Des « décisions historiques »

La réunion de l’AMS a néanmoins permis de démontrer la volonté des Etats de mieux prévenir et mieux combattre les futures pandémies, en évitant les graves erreurs commises pendant la catastrophe sanitaire du Covid-19, selon l’OMS. Les pays membres ont notamment adopté des amendements au Règlement sanitaire international (RSI), un cadre juridiquement contraignant pour répondre aux urgences de santé publique qui avait montré ses limites pendant le Covid. Ces amendements introduisent la notion d’« urgence pandémique » et « plus de solidarité et d’équité ».

« Les décisions historiques prises aujourd’hui démontrent la volonté commune des Etats membres de protéger leurs propres populations, ainsi que celles du monde entier, du risque partagé d’urgences de santé publique et de futures pandémies », a conclu le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, cité par l’AFP.

Un meilleurs accès « aux produits médicaux et aux financements »

Le RSI a été adopté pour la première fois en 1969 et mis à jour pour la dernière fois en 2005. Mais le Covid-19 a révélé les failles du système, les pays n’ayant pas réagi lorsque l’OMS a déclaré l’Urgence de santé publique de portée internationale, son plus haut niveau d’alarme dès janvier 2020. Ce n’est que plusieurs semaines plus tard que le patron de l’OMS a créé un choc salutaire en parlant de pandémie, permettant aux opinions publiques et aux Etats de réaliser la gravité de la situation.

La notion « urgence pandémique » doit désormais permettre de « donner un signal, un avertissement et de le déclarer avant que cela ne devienne une véritable pandémie », a expliqué Ashley Bloomfield, co-président des négociations RSI.

Les RSI réformées promettent aussi un meilleurs accès « aux produits médicaux et aux financements ». Des amendements créent également des structures qui doivent permettre de mieux se préparer et mieux appliquer le règlement dans tous les pays. C’est aux Etats maintenant d’insérer les parties qui leur conviennent dans leur réglementation nationale.

A la recherche d’un accord équitable

Selon Tedros Adhanom Ghebreyesus, pour qui « la question n’est pas de savoir s’il y aura une prochaine pandémie, mais quand elle surviendra », le succès sur le RSI donnera aussi de l’allant aux négociations sur futur accord, qui, « une fois finalisé, pourra contribuer à empêcher une répétition des ravages causés » par le Covid-19.

Les négociations sur un accord contraignant sur la prévention, la préparation et la réponse aux pandémies ont été lancées en décembre 2021. Malgré les acquis et rapprochements durant les négociations, les divergences qui persistent seront difficiles à surmonter, notamment sur le partage des savoir-faire et l’accès rapide aux moyens de combattre une nouvelle crise sanitaire, les questions de financement ou de de propriété intellectuelle.

Dans les pays en développement, les souvenirs restent vifs de pays riches amassant, pendant la crise sanitaire du Covid-19, les doses de vaccin au détriment du bien commun et refusant de partager leurs technologies. Ils insistent pour dire que l’accord sera équitable ou ne sera pas. Les pays africains souhaiteraient toutefois achever la négociation d’ici la fin de l’année, à cause de la crainte d’une réélection en novembre de Donald Trump, qui avaitretiré les Etats-Unis de l’OMS et ne cachait pas son mépris pour l’organisation.

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