SOCIETE
Pierre Moscovici : « On peut faire mieux sans dépenser plus ! »
ENTRETIEN – Le premier président de la Cour des comptes estime que la France doit impérativement reprendre le contrôle de ses finances publiques. Il livre sa méthode et des pistes d’action pour y parvenir.
Sécurité sociale. Je souhaite que les hypothèses qui nous seront soumises soient réalistes et cohérentes.
Ce n’était pas le cas dans les précédents budgets ?
Ce n’était clairement pas selon nous le cas dans le programme de stabilité présenté au printemps. Il y a une contradiction à résoudre : soit on vise une croissance élevée en 2026 et 2027, et dans ce cas le déficit sera bien au-dessus des 3%. Soit on maintient absolument l’objectif des 3%, mais cela ne sera pas sans impact sur la croissance du pays et donc sur le montant des économies à faire.
Pourquoi ne présentez-vous pas aux Français une liste complète de mesures d’économies dans lesquelles le gouvernement pourrait piocher ?
Nous en présentons beaucoup dans nos rapports et on en trouvera encore de nouvelles dans nos revues de dépenses. Mais c’est à l’exécutif de faire des choix et de les soumettre au Parlement de façon éclairée. Si on veut bien lire nos rapports, on trouvera des pistes très nombreuses. Par exemple, on pourrait réduire le plafonnement du crédit d’impôt pour les emplois à domicile, dont on sait qu’il bénéficie massivement aux plus aisés : cela permettrait de gagner 1 milliard d’euros sans injustice sociale. La politique du logement est coûteuse au regard de son efficacité, elle ne parvient pas à atteindre ses objectifs en matière de construction. La politique d’apprentissage est un vrai succès, mais nous ne sommes plus dans une situation de chômage élevé. A-t-on absolument besoin de maintenir cette dépense pour les élèves de grandes écoles alors qu’on pourrait mieux la prioriser sur les publics en difficulté ? L’essentiel pour moi est la qualité de la dépense publique : on peut faire beaucoup mieux sans dépenser plus !