Depuis le début de l’année, le taux de chômage ne cesse de progresser outre-manche. Il s’est affiché à 4,4% pour les trois mois achevés fin avril, contre 4,3% à fin mars, selon le rapport mensuel sur le marché du travail de l’Office national des statistiques (ONS) publié ce mardi 11 juin.
« Le taux de chômage a globalement augmenté » depuis la deuxième moitié de 2022, « malgré une période de baisse au cours du second semestre » de l’an dernier, est-il précisé. Ce chiffre est en tout cas en nette hausse depuis le niveau de 3,8% affiché fin 2023.
Reste que, en parallèle, le nombre d’emplois vacants a été en légère hausse pour la période de mars à mai, à 904.000 postes, comparé à fin avril, selon d’autres données publiées par l’ONS ce mardi aussi. Signe que de nombreuses entreprises cherchent encore à recruter, sans succès.
De son côté la croissance des salaires hors bonus a stagné à 6% pour les trois mois achevés fin avril, mais la hausse des revenus en termes réels, c’est-à-dire une fois l’effet de l’inflation pris en compte, a accéléré à 2,9%.
Pas de quoi envisager une baisse des taux…
Ces chiffres sont scrutés de près par la Banque d’Angleterre (BoE), dans le cadre d’un éventuel desserrement de sa stratégie monétaire dans les semaines ou mois à venir. L’institution maintient depuis des mois un taux directeur élevé, à 5,25%, pour tenter de ramener l’inflation à son objectif de 2%. Cela se traduit pour les particuliers, comme les entreprises britanniques, par une flambée des coûts du crédit, notamment immobilier. Ce qui pèse sur des ménages déjà éprouvés par l’inflation et la crise du pouvoir d’achat.
Mais les données du marché du travail, sans direction claire, sont « peu susceptibles d’avoir une influence immédiate sur la politique de la Banque d’Angleterre », assure Yael Selfin, économiste chez KPMG, qui estime que la banque centrale va attendre encore avant de baisser ses taux.
Un avis partagé par Susannah Streeter, du cabinet Hargreaves Lansdown. Pour elle, le marché du travail « se refroidit, mais pas assez vite pour que les décideurs (de la BoE) puissent se lancer en toute confiance dans la vague de baisses de taux », estime-t-elle.
En ne baissant pas dès à présent ses taux, la BoE s’inscrirait dans la conduite prudente de la Réserve américaine. Celle-ci, dont la réunion se tient ces mardi et mercredi, devrait une fois de plus opter pour le statu quo, l’inflation restant forte aux États-Unis. Les analystes anticipent en effet un maintien des taux à leur niveau actuel, à savoir leur plus haut depuis 20 ans, entre 5,25 et 5,50%.
A contrario, la Banque centrale européenne a amorcé la baisse la semaine dernière, avec une diminution de 0,25 point de pourcentage. Mais l’institution européenne a prévenu que cela n’était pas gage de baisse à chacune de ses prochaines réunions.
…au grand dam des conservateursSi la BoE réduisait son taux dès sa réunion du 20 juin prochain, la nouvelle serait en tout cas bienvenue pour le gouvernement conservateur avant les élections législatives du 4 juillet. Car, à moins de trois semaines du scrutin, les sondages donnent toujours autour de 20 points d’avance à l’opposition travailliste sur les conservateurs, au pouvoir depuis 14 ans, tandis que le parti anti-immigration Reform UK, mené par Nigel Farage, continue de progresser à la troisième place.
Dans l’espoir de changer la donne, le Premier ministre, Rishi Sunak, doit présenter ce mardi le programme de son parti, une étape jugée cruciale pour les conservateurs. Il doit ainsi promettre à ceux qui travaillent la garantie de « conserver une plus grande part de l’argent qu’ils gagnent et d’avoir le droit de choisir comment le dépenser ».
« Nous, les conservateurs, nous avons un plan pour vous apporter la sécurité financière », doit dire le chef du gouvernement, selon des extraits de son discours communiqués en amont. « Nous réduisons les impôts des salariés, des parents et des retraités », devrait-il annoncer.
Depuis le début de la campagne, les Tories ont déjà promis des baisses d’impôts supplémentaires, et accusé l’opposition travailliste dirigée par Keir Starmer, de vouloir accroître la pression fiscale sur les ménages. « Nous avons déjà proposé des mesures pour protéger nos retraités de l’impôt, alors que les travaillistes vont les taxer. Nous allons proposer des mesures pour les primo-accédants à la propriété », a détaillé le ministre du Travail, Mel Stride, sur la chaîne de télévision Sky News ce mardi.
Outre la crise du coût de la vie qui frappe les Britanniques depuis mi-2022, les conservateurs font aussi les frais des difficultés à tirer parti du Brexit et des scandales de la période du gouvernement de Boris Johnson. Les travaillistes, de leur côté, doivent annoncer leur programme jeudi.