Mis en fonctionnement pour faciliter le trafic dans la banlieue de Dakar ,le Train Express Régional (TER) a entraîné des impacts significatifs pour plusieurs communautés locales. De nombreuses familles et entreprises situées le long du tracé du TER ont été lourdement affectées, ce qui a conduit à une série de plaintes et d’accusations de traitement inégal. Fatou Dionne, coordonnatrice des impactés du département de Dakar, a exprimé hier son indignation face à cette situation.
Nous sommes victimes de discrimination de la part de l’État du Sénégal et de la Banque Africaine de Développement (BAD). L’État a attribué le site de Lac Rose aux impactés sans inclure ceux du département de Dakar. Depuis 2017, nous courons après nos indemnités », a-t-elle déclaré. Mme Dionne souligne que, malgré la démolition de leurs maisons et entreprises, aucune mesure de recasement n’a été proposée.
Elle ajoute selon Le Quotidien que dans le département de Dakar, aucun barème du plan d’actions n’a été respecté. Les habitants n’ont reçu ni acte de conciliation ni procès-verbal de conciliation.
« Certains pères de famille ont été indemnisés à hauteur de 25 000 francs CFA, d’autres payés par billetterie », dénonce-t-elle. Une plainte déposée en 2019 avait entraîné une médiation menée par des facilitateurs de la BAD et de l’Agence Française de Développement (AFD), mais cette médiation a échoué en raison du manque de ressources de l’APIX pour traiter les dossiers des personnes affectées.
Babacar Diouf, spécialiste en suivi-projet infrastructure financé par la BAD au sein de l’ONG Lumière, Synergie et Développement, explique que la BAD a mené une vérification de conformité du programme avec ses politiques de sauvegarde environnementale initiale, suite à la médiation. Le rapport, rendu public en janvier 2024, reconnaît que le TER, bien qu’utile aux populations, a causé des sacrifices énormes aux personnes affectées, qui ont perdu leur toit, leur emploi et leurs sources de revenus, et vivent aujourd’hui dans le stress et l’anxiété.
La direction de la BAD a proposé un plan d’actions basé sur les recommandations du rapport de conformité, mais aucune consultation n’a été menée auprès des plaignants depuis six mois.
Les plaignants rappellent à la BAD ses responsabilités. Elle doit participer à la réparation du préjudice causé aux populations », affirme Diouf.
En réponse à cette situation, la BAD a refusé de financer la deuxième phase du projet TER tant que le gouvernement sénégalais n’aura pas résolu les problèmes de la première phase. Les plaignants exhortent l’État à agir pour préserver son image sur la scène internationale et éviter de mettre en péril un financement de 102 millions de dollars:
« L’État doit entrer en contact avec les plaignants pour trouver des solutions, notamment en identifiant des terrains pour les recaser. Les nouvelles autorités doivent résoudre cette situation qui porte un lourd préjudice aux victimes », conseille M. Diouf.
Les victimes, même celles qui habitaient dans des bidonvilles, ont beaucoup perdu et se retrouvent maintenant à payer des loyers. Certains foyers sont disloqués et des enfants ne vont plus à l’école a en croire M.Diouf .
La gestion de ce projet révèle les défis de développement urbain et d’infrastructure, nécessitant une approche plus inclusive et équitable pour éviter que les plus vulnérables ne soient lésés.