POLITIQUE
Blinken s’inquiète de nouveau des « actions provocatrices » de la Chine autour de Taïwan
Ce samedi, le secrétaire d’Etat américain a fait part de ses inquiétudes sur les « actions provocatrices » de la Chine autour de Taïwan, lors d’un entretien qualifié d’« ouvert et constructif » avec son homologue chinois Wang Yi. Antony Blinken a entamé une tournée asiatique, au cours de laquelle il entend réaffirmer le leadership des Etats-Unis face à l’influence grandissante de la Chine.Il s’agit du sixième rendez-vous en dix-huit mois entre le secrétaire d’Etat américain et son homologue chinois. (Crédits : Ibraheem Al Omari)
Le message est franc. Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a fait part de ses inquiétudes sur les « actions provocatrices » de la Chine autour de Taïwan, lors d’un entretien qualifié d’« ouvert et constructif » avec son homologue chinois Wang Yi, a déclaré un haut responsable du département d’Etat.
Les deux hommes se sont rencontrés dans l’après-midi pendant 1h20. Il s’agit de leur sixième rendez-vous en dix-huit mois, en marge d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Asie du Sud-Est (Asean), dans la capitale du Laos.
Lors de leur rencontre samedi à Vientiane au Laos, le secrétaire d’Etat Antony Blinken et le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi ont donc eu des « discussions ouvertes et productives sur les questions bilatérales, régionales et mondiales », a ainsi déclaré le porte-parole du département d’Etat Matthew Miller, dans un communiqué.
Le dossier de Taïwan de nouveau évoqué
Par ailleurs, le chef de la diplomatie américaine a fait part des « préoccupations des États-Unis concernant les actions provocatrices menées récemment par la Chine, notamment une simulation de blocus au moment de l’investiture » du président taïwanais Lai Ching-te, a déclaré le haut responsable américain.
Après l’investiture du nouveau président Lai Ching-te, en mai, la Chine avait en effet encerclé Taïwan avec des navires de guerre et des avions militaires dans le cadre de manœuvres militaires. Ces exercices faisaient suite à un discours d’investiture que la Chine a dénoncé comme un « aveu d’indépendance ». A rappeler : la Chine revendique Taïwan comme faisant partie de son territoire et a multiplié les intimidations à l’encontre de l’île gouvernée de façon démocratique ces dernières années.
Lors de son entretien avec le ministre des Affaires étrangères chinois, Blinken a également évoqué la question des droits humains à Taïwan, au Tibet et à Hong-Kong, ainsi que le soutien de la Chine à la Russie dans sa guerre en Ukraine. Il a enfin « soulevé la question des personnes incarcérées injustement en Chine et la nécessité de progresser sur ce point », a déclaré le responsable.
Réaffirmer le leadership américain
Pour rappel, le secrétaire d’Etat américain a entamé ce samedi une tournée asiatique, au cours de laquelle il entend réaffirmer le leadership des Etats-Unis face à l’influence grandissante de la Chine. Il s’agit de la 18e tournée en Asie du secrétaire d’Etat américain, depuis sa prise de fonction il y a plus de trois ans, témoignant de la concurrence féroce que se livrent Etats-Unis et Chine dans la région.
Il a fait sa priorité de la promotion « d’une région Indo-Pacifique libre, ouverte et prospère », l’expression consacrée aux Etats-Unis pour désigner une zone Asie-Pacifique qui soit libre d’influences. Aussi une manière voilée de critiquer la Chine et ses ambitions économiques, territoriales et stratégiques dans la région.
Un accord pour apaiser les tensions entre la Chine et les Philippines
Sa visite en Asie du Sud-Est intervient en pleines tensions en mer de Chine méridionale, où une série d’affrontements ont eu lieu ces derniers mois entre des navires philippins et chinois sur des récifs contestés. Pékin revendique la quasi-totalité de cette importante route commerciale et ignore un arbitrage international, qui lui a donné tort en 2016.
Pour tenter d’apaiser ces tensions, la semaine dernière, Pékin et Manille ont conclu un accord provisoire portant sur l’approvisionnement d’un récif, et une première opération de ce genre s’est déroulée avec succès samedi, selon Manille. « Nous espérons que la Chine mettra en œuvre l’accord », a déclaré le ministre philippin des Affaires étrangères, Enrique Manalo, à la presse vendredi soir. « Je pense qu’il s’agirait d’une étape importante dans l’apaisement des tensions et, je l’espère, dans l’établissement d’autres domaines de coopération en mer de Chine méridionale. »
Peu avant le début de son entretien avec Wang Yi, le haut diplomate américain a dénoncé les « actions escalatoires et illégales » de Pékin en mer de Chine méridionale, au cours d’une rencontre avec les dix pays membres de l’Asean. « Nous sommes heureux de constater que le réapprovisionnement s’est déroulé avec succès aujourd’hui », a ensuite déclaré Antony Blinken. « Nous nous en félicitons et nous espérons que cela se poursuivra à l’avenir ».
Mais lors de sa rencontre avec le secrétaire d’Etat américain, le ministre chinois des Affaires étrangères lui a répondu sur un ton ferme : « Les Etats-Unis ne doivent pas souffler sur les braises, attiser les troubles et porter atteinte à la stabilité en mer. »
La tournée de Blinken se poursuit au Vietnam, puis au Japon
Le secrétaire d’Etat américain a atterri dans la soirée à Hanoï, au Vietnam, pour présenter ses condoléances aux dirigeants vietnamiens après le décès du secrétaire général Nguyen Phu Trong. Joe Biden y avait effectué un voyage historique à l’automne dernier. Il se rendra ensuite au Japon, aux Philippines, à Singapour et en Mongolie.
« Je n’ai jamais vu une demande aussi forte pour plus d’engagement américain dans la région », indiquait en début de semaine le secrétaire d’Etat adjoint pour l’Asie du Sud-Est et le Pacifique, Daniel Kritenbrink, en présentant ce déplacement.
Des inquiétudes exprimées dans le communiqué final de la réunion
A l’issue de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Asie du Sud-Est, les ministres présents ont souligné dans un communiqué conjoint l’importance de « la sécurité, la stabilité, la sûreté et la liberté de navigation et de survol de la mer de Chine méridionale ».
Certains d’entre eux ont exprimé leur inquiétude face à de « graves incidents dans la région […] qui ont entamé la confiance et accru les tensions », a aussi indiqué le communiqué, sans donner de détails.