POLITIQUE

Etats-Unis : Kamala Harris, un nouvel espoir pour le climat ?

Quelle qu’elle soit, une victoire démocrate à l’élection présidentielle de novembre prochain serait une bonne nouvelle pour le climat. Mais Kamala Harris est plus ambitieuse encore que ne l’était Biden sur le sujet. Reste à savoir si elle pourrait réellement mettre en oeuvre son ambitieux programme écologique en cas de victoire.

Réservé aux abonnés

00:00/00:00
Les démocrates prévoient de durcir les réglementations environnementales encadrant l’industrie (Crédits : Kevin Mohatt)

Le Green new deal de Barack Obama en 2008, la sortie de l’accord de Paris décidée par Donald Trump en 2020, l’Inflation Reduction Act de Biden adopté en 2022… Depuis au moins 15 ans, les Etats-Unis entretiennent avec la lutte contre le changement climatique une relation marquée de stop & go brutaux. Candidate à l’investiture démocrate, Kamala Harris a démontré par le passé une position plus radicale que ne l’a été celle de Biden.

Celui-ci n’avait pourtant pas perdu de temps pour rétablir les avancées mises à

l’industrie (Crédits : Kevin Mohatt)

Le Green new deal de Barack Obama en 2008, la sortie de l’accord de Paris décidée par Donald Trump en 2020, l’Inflation Reduction Act de Biden adopté en 2022… Depuis au moins 15 ans, les Etats-Unis entretiennent avec la lutte contre le changement climatique une relation marquée de stop & go brutaux. Candidate à l’investiture démocrate, Kamala Harris a démontré par le passé une position plus radicale que ne l’a été celle de Biden.

Celui-ci n’avait pourtant pas perdu de temps pour rétablir les avancées mises à bas par Trump ni pour détricoter les trois-quarts des nombreuses mesures climaticides de son prédécesseur. Dès son accession au pouvoir, il réintégrait l’accord de Paris, qui reposait largement sur les positions convergentes des Etats-Unis et de la Chine, les deux plus gros émetteurs de gaz à effet de serre. Avant de révoquer le permis de l’oléoduc Keystone XL entre les Etats-Unis et le Canada remis au goût du jour par Trump. Il a également instauré de nouvelles réglementations, dont l’obligation, pour les centrales à charbon, de capter 90% de leurs émissions d’ici à 2039.

Lire aussi : Levée de fonds record pour Kamala Harris après le retrait de Joe Biden

Un mandat en demi-teinte pour les environnementalistes

Surtout, il est parvenu à faire adopter en 2022 l’Inflation Reduction Act (IRA), qu’il qualifie lui-même de plus grande avancée en faveur du climat jamais réalisée aux Etats-Unis. 370 milliards largement consacrés aux énergies renouvelables, bornes de recharge électriques, usines de batteries, etc.

Mais les ONG environnementales lui reprochent d’avoir par ailleurs accordé d’autres permis d’extraction de gaz et de pétrole, subventionné les technologies controversées de captage/stockage de CO2, plaidé auprès de l’Arabie saoudite pour une hausse de la production, synonyme de maîtrise des cours du pétrole…

Des griefs qu’elles n’auraient certainement pas à l’égard de Kamala Harris, qui s’est à de multiples reprises illustrée par des positions tranchées sur ces sujets.

En tant que procureur du district de San Francisco en Californie, elle avait créé dès 2005 la toute première unité dédiée à la justice environnementale, poursuivi plusieurs majors pétrolières (et même l’administration Obama sur la fracturation hydraulique, une méthode d’extraction des pétroles et gaz de schiste particulièrement controversée à laquelle elle s’est opposée de façon nettement plus ferme que Biden) et le constructeur automobile Volkswagen dans le cadre du Dieselgate (fraude aux émissions de CO2).

Devenue sénatrice, elle avait soutenu le Green New Deal porté par Alexandria Ocasio-Cortez en 2019, qui visait notamment une électricité à 100% renouvelable, puis joué un rôle majeur dans l’adoption de l’Inflation Rate Act en 2022. Candidate à l’investiture démocrate en 2020, elle proposait par exemple l’instauration d’une taxe carbone, l’interdiction de la fracturation hydraulique et un plan d’investissement de 10 milliards de dollars dans l’économie verte.

Lire aussiComment Donald Trump a appris à aimer le bitcoin

La mise en œuvre de l’IRA sera déterminante

Et maintenant ? En quoi son investiture puis son élection changeraient-elles la donne ? Pour les environnementalistes, la façon dont l’IRA sera ou non mis en œuvre sera déterminante. Aujourd’hui, comme le révèle une étude du Rhodium Group, les Etats-Unis ont réduit leurs émissions de gaz à effet de serre de -18% entre 2005 et 2023, sachant que l’engagement pris dans le cadre de l’accord de Paris est de -50 à -52% à horizon 2030. Selon la façon dont l’IRA sera mise en œuvre, la baisse des émissions s’établirait entre 30 et 45% sur cette période.

Plusieurs dizaines de milliards restent à débloquer dans le cadre de l’IRA sur l’hydrogène bas-carbone, la rénovation des bâtiments, les énergies renouvelables ou encore le durcissement de réglementations environnementales encadrant les activités des industriels les plus émetteurs (cimentiers, sidérurgie, raffinage, etc)…Des chantiers en cours tels que la construction de lignes à haute tension ou les autorisations pour des parcs éoliens offshore sont à compléter.

Les soutiens de Kamala Harris misent sur cette forte ambition climatique et environnementale pour rallier les suffrages d’une partie de la jeunesse, également plus sensible au volet social d’une transition écologique qui frappe en priorité les plus précaires, un terrain encore peu labouré par Biden.

Mais les résultats des élections de mi-mandat de novembre 2022 et les pouvoirs restreints des agences fédérales de l’environnement récemment décidés par la Cour Suprême compliqueront sérieusement la tâche de quiconque s’emploiera à mettre en œuvre une telle ambition.

Articles du même type

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Close