SOCIETE
Lait pour bébé : le géant américain de la pharmacie Abbott condamné à une amende colossale
Le laboratoire américain, qui conteste le verdict, était poursuivi par une mère de l’Etat de l’Illinois, dont l’enfant prématuré a eu une grave infection, suite à la consommation du lait vendu par Abbott.Suite au verdict, le titre boursier Abbott a chuté de presque 5% dans les échanges électroniques. (Crédits : Reuters)
L’amende est colossale. Un jury du Missouri (centre des Etats-Unis) a condamné les laboratoires pharmaceutiques Abbott à payer 495 millions de dollars, estimant qu’un lait pour bébés prématurés fabriqué par le groupe américain avait causé une grave maladie intestinale chez un enfant.
Le verdict du jury n’a pas été unanime et a été soutenu par 9 des 12 jurés de l’affaire. Pour qu’un verdict soit rendu dans une affaire civile au Missouri, les trois quarts des jurés doivent être d’accord.
Centaine de plaintes
Dans le détail, le groupe Abbott a été condamné à verser 95 millions de dollars au titre de dommages compensatoires et 400 millions de dollars d’amende. Suite au verdict, la firme américaine n’a pas indiqué si elle entendait retirer ce produit. Après la clôture du marché boursier vendredi soir, le titre Abbott chutait de presque 5% dans les échanges électroniques.
Cette affaire, jugée devant un tribunal de Saint-Louis (Missouri), n’est pas la seule procédure en cours contre Abbott. Une centaine de plaintes sont encore en suspens contre Abbott. Ce, avec le même motif : elles affirment que sa formule de lait pour prématurés augmente les risques de nécrose de l’intestin (entérocolite nécrotique) chez les bébés, selon le site Courtroom View Network.
Une mère de famille à l’origine de la procédure judiciaire
Le laboratoire Abbott était poursuivi par une mère de l’Illinois, Margo Gill, pour avoir omis d’indiquer que sa formule à partir de lait de vache pouvait provoquer cette grave infection chez les prématurés.
Elle a affirmé que sa petite fille avait développé une entérocolite nécrosante en 2021 après avoir été nourrie avec une préparation de la marque Similac d’Abbott, alors que la petite Robynn était encore en soins intensifs néonatals, a indiqué la chaîne américaine locale KSDK.
L’enfant a survécu, mais elle souffre de séquelles irréversibles alors que le taux mortalité lié à cette maladie chez les prématurés peut aller jusqu’à 50%, selon la National Library of Medecine.
« Les entreprises doivent être honnêtes au sujet de leurs produits, de leurs qualités et de leurs défauts », a déclaré vendredi Jack Garvey, l’avocat de Margo Gill. Et de souligner : « Lorsqu’il existe un risque lié à l’utilisation d’une préparation pour nourrissons prématurés, les parents ont le droit de savoir quels sont les problèmes. »
Le laboratoire conteste le verdict
« Nous sommes en profond désaccord avec ce verdict, qui n’a pas été unanime, et nous continuons de croire que l’état de Robynn est une tragédie dont personne n’est responsable », a déclaré à l’AFP Scott Stoffel, porte-parole du groupe. « Il n’existe aucune preuve scientifique démontrant que les produits pour nourrissons prématurés d’Abbott causent ou contribuent à provoquer l’entérocolite nécrosante », a-t-il ajouté.
Et de conclure : « Les formules et fortifiants spécialisés, comme celui utilisé dans cette affaire, font partie de la norme de soins de la communauté médicale et, avec le lait maternel, sont les seules options disponibles pour nourrir les nourrissons prématurés ».
Pour rappel, lors de la présentation des résultats financiers du groupe la semaine dernière, le PDG d’Abbott, Robert Ford, avait aussi qualifié l’affaire de « théorie sans fondement ni base scientifique ».
Une affaire similaire qui vise un laboratoire britannique
En mars dernier, une unité du groupe de produits d’hygiène et santé britannique Reckitt Benckiser a été condamnée à verser 60 millions de dollars à une mère dont le bébé prématuré est mort après avoir bu du lait pour bébé de cette entreprise. Depuis, Reckitt Benckiser a dit vouloir se séparer de l’unité Mead Johnson, qui fabrique les laits Enfamil et Nutramigen.
Au global, près de 1 000 actions en justice ont été intentées contre les laboratoires Abbott, Reckitt Benckiser RKT.L , fabricant du lait maternisé Enfamil, ou les deux, devant des tribunaux fédéraux ou étatiques. Plus de 500 d’entre elles sont centralisées dans un tribunal fédéral de l’Illinois, tandis que d’autres sont pendantes dans l’Illinois, le Missouri et la Pennsylvanie.