Après la contre-performance du RN aux législatives, la cheffe des députés frontistes prépare, avec Jordan Bardella, un serrage de vis au niveau local.Jordane Bardella et Marine Le Pen. (Crédits : © LTD / REUTERS/Yara Nardi)
parlementaires y pensent aussi. Paniqués à l’idée de perdre leur siège, à l’instar de sortants comme Grégoire de Fournas, certains ont congédié leur collaborateur parisien pour tout miser sur le labourage en circonscription. « Ça ne me paraît pas crédible et, si c’est le cas, je pense que c’est erroné, prévient leur patronne. Nos failles sont liées à trois années consacrées à autre chose que le parti : la présidentielle, les législatives, l’Assemblée. C’est une faute collective. On s’est détournés du mouvement, qui a eu tendance à se relâcher. » Un cadre nous donne une version plus crue : « C’est le défaut des partis bonapartistes. On croit que quand le chef va, tout va. Là, on avait un très bon général, mais au lieu d’avoir des étalons on avait des ânes. »
Depuis deux semaines, le général Bardella se concentre sur ses troupes du Parlement européen. À Paris, Marine Le Pen a annoncé un serrage de vis dès son retour à la chambre basse. Ses fidèles sont coutumiers du repli défensif. Pas de rumination sur la contre-performance du 7 juillet, pas d’expressions personnelles divergeant de la ligne du groupe. Ex-leader du Front national de la jeunesse, Gaëtan Dussausaye – qui a ravi un fief à la Macronie dans les Vosges – se satisfait de cette reprise en main : « On a toujours dit, au parti, qu’on était plus forts unis. C’est une technique assez redoutable. » Elle n’empêche pas complètement les couacs. Le 11 juillet, la cheffe a dû rectifier des propos tenus dans Le Figaro par le secrétaire général du groupe au Palais-Bourbon, Renaud Labaye, sur la marche à suivre pour les motions de censure si un gouvernement de gauche venait à se constituer.
Méthodique et travailleur, le catholique versaillais cumule son poste avec celui de directeur de cabinet de Marine Le Pen. Cette double casquette pourrait évoluer. « Renaud a plein de compétences définies dans son « scope »… et des faiblesses hors de ce « scope » », grince un conseiller, pour qui la candidate à la présidentielle ne peut s’appuyer autant sur une seule personne. L’élue du Pas-de-Calais aurait déjà deux profils en tête pour diriger son cabinet. François Durvye n’en fait pas partie, même si son influence n’ira pas décroissante. A fortiori lorsqu’on sait – grâce aux révélations de L’Humanité – à quel point Pierre-Édouard Stérin, dont il est l’homme de confiance, prépare et finance l’arrivée au pouvoir de la droite nationaliste avec son projet Périclès. Le réseautage entrepris durant les législatives va se poursuivre. Un dirigeant du RN se plaint de ne pas être dans la boucle : « Mais c’est quoi, ce projet de merde ? » La frange socialétatiste, dont Jean-Philippe Tanguy est la figure la plus connue, se méfie d’un ascendant excessif des libéraux. « Je suis pour la polysynodie », affirme le député de la Somme, faisant allusion à la gouvernance collégiale instaurée sous la Régence. Pas ce qu’il y a de plus lepéniste.