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Législatives : les salariés agricoles, grands oubliés des débats politiques sur l’agriculture

A l’extrême droite, le programme de réduction drastique de l’immigration légale néglige le rôle essentiel joué par les salariés agricoles, dont bon nombre sont des saisonniers étrangers, dans la production alimentaire de la France. A gauche, la vision d’une agriculture paysanne et familiale fait obstacle à une prise en compte spécifique des besoins de ces travailleurs, précaires et paupérisésLoin de la remplacer, les travailleurs agricoles étrangers viennent combler un manque de main d’œuvre locale, due à la pénibilité du métier, aux faibles rémunérations, mais aussi au manque d’expérience. (Crédits : Reuters)

En 2020, quand, à cause du Covid, la France s’était retrouvée soudainement confinée au début du printemps, ils étaient sortis, un instant, de leur invisibilité. Le pays entier s’était rendu compte du rôle joué par les travailleurs agricoles salariés. Or, nombreux sont ceux qui viennent de l’étranger au moment des récoltes des légumes et des vendanges. Les champs s’étant vidés de bras à cause de la fermeture des frontières, le gouvernement avait alors dû inciter les Français inoccupés à aller travailler dans les fermes, au cours de la crise sanitaire.

Quatre ans plus tard, ils sont retombés dans l’oubli. Absents des barrages lors de la révolte agricole de début d’année, portée par les exploitants, ils n’ont été mentionnés que dans le cadre de quelques revendications des syndicats agricoles majoritaires, visant à simplifier leur embauche. Et alors que ces derniers ont multiplié les rendez-vous avec le Premier ministre, voire avec le président de la République, les syndicats représentant les salariés agricoles, eux, ont été peu reçus et écoutés, déplorent la CFTC et la CFDT.

de l’ensemble des permanents. S’y ajoute la main-d’œuvre saisonnière ou occasionnelle. Celle-ci fournit 11% du volume de travail total, et mobilise, selon la Dares (service statistique du ministère du Travail), quelque 270.000 personnes. Selon une enquête réalisée en 2021 par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles ( (FNSEA), plus d’un quart des exploitations employeuses n’emploient que des saisonniers. Et entre 2010 et 2020, le recours à la main-d’œuvre salariée extérieure à la famille s’est accru, parallèlement à la baisse du nombre d’exploitations, notamment de celles individuelles.

Quid des travailleurs étrangers ? S’il est difficile d’obtenir des données sur leur nombre, leur présence est massive et indispensable dans l’ensemble du territoire. Dans l’Hérault, 40,5% des travailleurs saisonniers employés en 2023 étaient étrangers, dont une moitié en provenance d’un pays de l’Union européenne (surtout le Portugal et l’Espagne) et une autre moitié d’origine hors Europe, témoigne Jérôme Despey, viticulteur et 1er vice-président de la FNSEA, interrogé par La Tribune.

Dans le vignoble saumurois, même constat : il y a « énormément » de Bulgares qui travaillent dans les vignes, aux côtés d’une main-d’œuvre originaire du Sahara occidental, notamment du Maroc, « qui se compte par milliers », constate Guillaume Le Lay, viticulteur installé à Saint-Cyr-en-Bourg.

« Aujourd’hui, la moitié de notre main-d’œuvre vient d’Ukraine ou de Pologne, car nous ne trouvons pas assez de saisonniers en France », indique encore à La Tribune Auvergne-Rhône-Alpes Eric Pauchon, président du groupement d’intérêt économique des producteurs de fruits rouges des Monts du Velay, en Haute-Loire.

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