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Procès Ibrahima FALL contre les Chinois : le procureur requiert des peines de prison ferme allant jusqu’à un an

Après un premier renvoi, le 26 juin dernier au motif qu’il était si mal en point qu’il ne pouvait se présenter à la barre, le sieur Ibrahima FALL s’est présenté au tribunal d’Instance de Tivaouane hier-mercredi 03 juillet avec un collier orthopédique en couleur beige autour de son cou, bien assorti avec son boubou. Ses avocats Mes FATY et SENGHOR ont d’abord essayé de faire renvoyer l’affaire en évoquant l’absence du témoin qui filmait la scène des brimades subies par leur client. Ce que le Parquet et l’avocat de La Défense ont balaye d’un revers de main.

« L’absence du témoin est motivée par le décès de son papa. Qu’est-ce qui peut prouver au tribunal la véracité des faits ? », s’interroge Me Ousmane SARR. Avant d’enchaîner: « Et puis, que pourrait dire de plus le témoin que ce qu’il a dit aux enquêteurs et qui est consigné dans le procès verbal ? Il faut donc que la partie civile arrête de fuir les débats ».

L’avocat des deux Chinois et de leur interprète sénégalais, est conforté dans ses arguments par le Ministère public qui estime que l’absence du témoin ne peut pas constituer un motif de renvoi du procès.

La partie civile insiste avec une exception pour renvoyer l’audience

L’argument de l’absence du témoin écarté, les avocats de Ibrahima FALL ont mis sur la table une exception pour disqualifier le tribunal d’instance de Tivaouane. Leur argumentaire cette fois-ci a reposé sur un cumul des différents certificats médicaux qui constituent, selon eux, une Incapacité temporaire de travail de 32 jours. En effet, en plus des deux premiers certificats médicaux de 7 et de 10 jours présentés le 26 juin, Me FATY a versé deux autres certificats médicaux avec des ITT de 5 et 10 jours. Ce qui fait un total de 32 jours d’incapacité de travail. « Ce décompte tiré de ces documents produits par un médecin témoigne de la gravité des faits et de l’état de santé préoccupant de mon client dont le pronostic vital est engagé. Vous ne pouvez donc plus vous baser sur l’ITT de 7 jours pour juger cette affaire dont les faits doivent être requalifiés en tentative d’assassinat », indique-t-il.

Là également, le procureur et l’avocat de la défense ont indiqué être mis devant le fait accompli devant la barre. « Les nouveaux éléments devraient nous être communiqués au préalable », objecte Me Ousmane SARR.

Le Parquet a abondé dans le même sens et demandé au juge de déclarer irrecevable la requête de la Partie civile. Ce que le président du tribunal a fait sans commentaire avant d’inviter les différentes parties au débat.

Le Juge moralise les prévenus, le Ministère public les accable et demande des peines de prison ferme

En interrogeant les prévenus sur les faits, le président du tribunal, Ibrahima SARR, leur a rappelé à l’ordre. « Vous n’aviez pas besoin d’exercer de la violence sur Ibrahima FALL. Vous êtes dans un État de droit. Et puis le sieur FALL est votre employé. Il n’avait aucun moyen de vous échapper s’il était parti avec l’argent », a indiqué le juge aux accusés.

Quant au procureur, il a chargé les deux Chinois et leur interprète sénégalais. Pour ce qui est du comptable, le parquet l’accuse des faits de vol. « L’argent que vous avez récupéré par la force des mains de Ibrahima FALL est son salaire dûment gagné. Ce fait peut donc être qualifié de vol », dit-il.

Pour le manager de l’entreprise, qu’on voit dans la video devenue virale, apposer son genou sur la tête du sieur FALL, le Parquet a été plus ferme et plus sévère. « On voit dans la vidéo une intention de faire mal. Vous étiez 3 personnes. Vous pouviez le maîtriser sans lui faire mal. Mais vous avez choisi de poser votre genou sur sa tête pendant plusieurs minutes. Ce qui a conduit à détériorer son état de santé », a chargé le représentant du Ministère public.

Interrogé, Ibrahima FALL a révélé que les prévenus ont commencé à le rouer de coups à l’intérieur du bureau avant de le trainer dehors. « Ils m’ont tous frappé dans le bureau. S’il n’y avait pas cette vidéo, jamais ils ne reconnaitraient les faits », a-t-il déclaré.

Dans sa réquisition, le Parquet a demandé une peine ferme de 6 mois pour l’interprète et le comptable chinois. Il a demandé un an ferme pour le manager qui avait posé son genou sur la tête du sieur FALL.

Les prévenus regrettent et parlent de réactions instinctives

Tous les trois prévenus ont regretté la tournure de leur altercation avec Ibrahima FALL. Acculés par les avocats de la partie civile et le parquet, ils ont affirmé que leur intention n’était pas de faire mal au sieur FALL, mais simplement de récupérer la somme de 130 000 CFA qu’il a récupérée pour ensuite refuser de décharger.

« Dans le bureau, quand Ibrahima a récupéré l’argent et s’est précipité à la porte pour prendre la fuite, notre réflexe a été de le poursuivre instinctivement pour récupérer cet argent. Quand il s’est couché par terre, c’était un peu difficile de mettre la main sur l’argent. Et il s’est passé ce qu’il s’est passé », a déclaré l’un des trois prévenus rapporté par un interprète.

Les avocats de la partie civile réclament 100 millions de dommages

Me FATY a un peu tiré sur la fibre sentimentale et joué sur la carte raciale, lors de sa plaidoirie. « Ils se sont dits que Ibrahima FALL est un nègre bon à rien. C’est pourquoi ils ont exercé sur lui ces actes de torture. Si c’était en Europe ou en Amérique, ils ne se seraient pas comportés de la sorte. Mon client a subi un préjudice physique et aussi moral. Cette vidéo qui est une humiliation a fait le tour du monde. Et pour sa santé, nous prévoyons de faire un examen complémentaire pour voir s’il ne va pas traîner des séquelles à l’avenir. Et pour tout cela, nous voulons que le cour tienne l’entreprise chinoise civilement responsable et réclamons la somme de 100 millions en guise de dommages et intérêts assortie d’une contrainte par corps », s’est exclamé Me FATY.

Dans sa plaidoirie, Me Ousmane SARR a essayé de disqualifier les faits de vol soulignés par le Ministère public. Selon lui, dès l’instant que Ibrahima FALL a contesté le montant qui lui a été remis, il ne devait plus prendre l’argent.

Me SARR a également tenté de démontrer que ses clients n’avaient l’intention de faire mal. Avant d’introduire à la fin une demande de mise en liberté provisoire pour les prévenus qui sont dans les liens de la détention depuis près d’un mois.

Le président du tribunal a rejeté la demande de liberté provisoire de La Défense avant de mettre en délibéré le 17 juillet 2024.

Avec Walfadjri 

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