POLITIQUE
Taux d’intérêt : le patron de la Fed veut « prendre son temps » avant d’envisager une baisse
Le président de la banque centrale américaine, Jerome Powell, dit avoir besoin de davantage de données avant de réduire les taux d’intérêt. Objectif, s’assurer que les chiffres de l’inflation, qui montrent un ralentissement, reflètent une image fidèle de ce qui se passe au niveau des pressions sous-jacentes sur les prix.
La Fed se montre encore prudente avant de réduire ses taux d’intérêt. La banque centrale américaine a besoin de davantage de données pour sauter le pas, a affirmé ce mardi son président, Jerome Powell. Ce dernier veut s’assurer que les récents chiffres de l’inflation, qui montrent un ralentissement, reflètent une image fidèle de ce qui se passe au niveau des pressions sous-jacentes sur les prix.
« Nous voulons simplement comprendre que les niveaux que nous observons correspondent à la réalité de l’inflation sous-jacente », a-t-il insisté lors d’une conférence sur la politique monétaire organisée au Portugal, sous l’égide de la Banque centrale européenne (BCE).
« Nous voulons être plus confiants et, franchement, parce que l’économie américaine est forte, nous avons la possibilité de prendre notre temps », a-t-il ajouté.
Le président de la Réserve fédérale a toutefois montré des signes de satisfaction, estimant que l’institution avait fait « quelques progrès pour ramener l’inflation vers [sa] cible » de 2%, qui pourrait être atteinte fin 2025.
« Nous avons réalisé quelques progrès pour ramener l’inflation vers notre cible, alors que le marché de l’emploi est resté solide et la croissance s’est maintenue. Nous voulons continuer dans ce sens », a déclaré le patron de la Fed, lors d’un échange avec ses homologues de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Largarde, et de la Banque du Brésil, Roberto Campos Neto. « Nous ne voyons pas l’inflation revenir à 2% dès cette année ou même l’année prochaine, peut-être en fin d’année prochaine néanmoins, mais plutôt l’année d’après », en 2026, a-t-il ajouté.
Attente de plusieurs mois
La Fed avait prévenu, lors de sa dernière réunion mi-juin, qu’il lui faudrait observer plusieurs mois de baisse de l’inflation pour réduire ses taux. Pour rappel, ils se situent depuis près d’un an à leur plus haut niveau depuis 2001, dans la fourchette de 5,25 à 5,50%. Ses responsables ont répété qu’il leur faudrait observer plusieurs mois de progression de l’inflation vers l’objectif de 2% avant d’envisager de baisser les taux. Et ont signalé qu’ils tablent sur une seule baisse cette année.
Jerome Powell a notamment estimé que la hausse des salaires, qui est une bonne nouvelle pour le porte-monnaie des Américains, reste trop élevée à ce stade pour permettre un retour de l’inflation à un niveau acceptable.
Une gouverneure de la Fed « prudemment optimiste »
Adriana Kugler, une gouverneure de la Fed, s’était montrée quelques jours plus tard « prudemment optimiste » quant à la trajectoire de l’inflation, et avait estimé que les taux pourront commencer à être abaissés d’ici la fin de l’année. « Si je reste prudemment optimiste quant à la baisse de l’inflation, celle-ci est encore trop élevée et ne diminue que lentement », avait-elle déclaré lors d’un discours à la Brookings institution.
« Nous devons progresser davantage vers une inflation de 2% avant d’être convaincus que l’inflation se rapproche durablement de cet objectif », a-t-elle ajouté, estimant : « Si l’économie évolue comme je le prévois, il sera probablement opportun de commencer à assouplir la politique dans le courant de l’année ».
Mardi dernier, la gouverneure de la Fed Michelle Bowman s’est montré moins optimiste et a déclaré qu’elle restait « disposée à augmenter » à nouveau les coûts d’emprunt « si le progrès en matière d’inflation s’arrêtait ou même s’inversait » aux Etats-Unis, c’est-à-dire si la hausse des prix stagnait ou s’accélérait de nouveau.
L’inflation ralentit en mai
En l’occurrence, l’inflation a ralenti à 2,6% en mai aux Etats-Unis, contre 2,7% en avril, selon l’indice PCE, privilégié par la banque centrale américaine, publié vendredi dernier. Sur un mois, les prix sont restés identiques, le taux d’inflation étant de zéro, contre 0,3% le mois précédent. En excluant les données volatiles de l’alimentation et de l’énergie, l’inflation dite sous-jacente est tombée en mai à 2,6% sur un an, après 2,8% le mois précédent, et à 0,1% sur un mois contre 0,3%.
La variation annuelle du PCE « a décéléré jusqu’à atteindre son rythme le plus lent depuis 2021 et est à la portée de l’objectif de 2% de la Fed », a commenté Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour High Frequency Economics.
« Le contexte de l’inflation évolue favorablement et, associé à une évolution plus modérée des dépenses des ménages et de la croissance, favorise une évolution de la politique monétaire vers une orientation moins restrictive, peut-être dès septembre », a ajouté Rubeela Farooqi.