POLITIQUE
Taux de change stabilisé ou spéculé ?
La République Démocratique du Congo (RDC) fait face à des défis économiques de taille, parmi lesquels la volatilité du taux de change du franc congolais par rapport au dollar américain se distingue. Dans un contexte où le Vice Premier Ministre et Ministre de l’Économie tente de rassurer la population sur les mesures prises pour stabiliser cette situation, ses déclarations semblent souvent évasives et teintées de langue de bois. Tachons d’explorer la distinction entre un taux de change stabilisé et un taux de change soumis à la spéculation, tout en mettant en lumière les insuffisances des mesures conjoncturelles face à des problèmes structurels persistants.
La question du taux de change en RDC ne peut être dissociée de la nature même de son économie, profondément dollarisée et extravertie. Dans ce cadre, la spéculation sur le franc congolais est alimentée par des acteurs économiques qui, face à l’incertitude, recherchent des refuges dans des devises plus solides. Les propos du Vice Premier Ministre, bien que destinés à rassurer, ne font que masquer une réalité préoccupante : les mesures évoquées ne ciblent pas les racines du problème.
Les contrôles des opérateurs économiques, suggérés par le ministre, semblent en effet inadaptés à un régime de taux de change flottant. En limitant l’accès à des devises étrangères, ces contrôles risquent d’entraîner des effets pervers, tels que la création d’un marché noir ou l’aggravation des pénuries de devises. L’exemple de la RDC démontre que les interventions ponctuelles, sans une vision à long terme, ne peuvent pas enrayer la tendance spéculative qui pèse sur le franc congolais.
De plus, l’économie congolaise souffre de problèmes structurels profonds, tels que la corruption, l’absence d’infrastructures adéquates et une dépendance excessive aux exportations de matières premières et aux importations des produits manufacturés. En RDC, nous produisons ce que nous ne consommons pas et nous consommons ce que nous ne produisons pas. Ces caractéristiques structurelles rendent le pays particulièrement vulnérable aux chocs externes. Les mesures conjoncturelles, comme celles proposées par le gouvernement, ne suffiront pas à redresser la situation. J’ai l’habitude de souligner “on ne casse pas le thermomètre pour baisser la fièvre”. Il est impératif d’attaquer le mal à la racine pour espérer une véritable stabilité économique.
En conclusion, la situation du taux de change en RDC illustre une lutte complexe entre stabilisation et spéculation. Les discours rassurants du gouvernement, bien qu’importants pour maintenir une certaine confiance, ne peuvent occulter la nécessité d’une approche plus globale et structurée. Seules des réformes profondes et un engagement à long terme permettront de sortir de cette spirale spéculative et d’asseoir les bases d’une économie plus résiliente. La RDC doit impérativement se projeter dans une dynamique de transformation, où la stabilisation du taux de change ne sera pas qu’un objectif superficiel, mais un pilier fondamental du développement économique. Gloire au travail.