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CE QUE PRÉCONISE ALIOUNE TINE

Il faut qu’on réfléchisse sur le statut de la société civile”. C’est ce que préconise le fondateur du Think tank Afrikajom Center et ancien président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho), suite à une question relative au financement des organisations de la société civile. Alioune Tine est l’invité de Aïssata Ndiathie Fall devant le Jury du dimanche (Jdd), ce 9 avril.

A ce propos, a-t-il souligné, “les États démocratiques ont trouvé un mécanisme qui permette à la société civile d’être une vraie institution, qui est là et qui est financée. C’est-à-dire que les activités de la société civile sont des activités d’intérêt général, d’utilité publique. On a besoin de ce regard neutre, qui nous dise voilà ce qu’il faut faire et voilà ce qu’il ne faut pas faire.”

Selon lui, “les États africains doivent trouver des mécanismes pour financer les sociétés civiles africaines et également leur laisser leur indépendance.” Est-ce que c’est compatible ? “C’est compatible. Parce que cela se fait ailleurs. Vous avez par exemple des pays comme la France” où le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin menace de remettre en question les subventions publiques accordées à la Ligue des droits de l’homme.

“Cela a fait un scandale, rebondit Alioune Tine. On a dit, depuis Vichy, on n’a pas entendu un gouvernement parler. Eux, ils donnent à la société civile, et (celle-ci) les critique.”

Pour l’Enseignant-chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), “en Afrique, (en général) et au Sénégal, (en particulier), il faut qu’on atteigne cette maturité démocratique. Il ne faut pas tout le temps essayer de mettre la société civile pour dire ‘’où vous sortez votre argent ?’’. Si la société civile travaille, si elle fait des résultats. Il faut qu’elle ait les moyens de travailler. L’État le fait pour les syndicats. Mais, les syndicats, c’est la société civile.”

Par conséquent, a-t-il proposé, “il faut qu’on réfléchisse sur le statut de la société civile.” Car, justifie-t-il : “Je suis en train d’écrire sur la question parce que c’est extrêmement important. Ici, quand on est coincé, c’est la société civile qui se lève. Ce que la Raddho a fait pour l’avancement de la démocratie, c’est extraordinaire. Je vous le dis, en 2011, 2012, toutes les réunions se faisaient à la Raddho. Macky Sall, Moustapha Niasse, tous venaient à la Raddho. C’est la deuxième alternance. La première, on a été central. La Raddho a été la seule organisation à avoir observé les élections en 2000. Ça a beaucoup aidé.”

Interrogé sur le financement de Afrikajom Center, il a indiqué que son Think tank est “resté sans financement”, jusqu’à la publication de son rapport sur les pathologies de la démocratie. “On n’avait rien. Jusqu’ici les jeunes qui sont venus travailler avec nous sont des bénévoles. Ils sont des chercheurs qui sont rémunérés, moi y compris. J’avais déjà quitté Amnesty international avec une retraite assez confortable. Il y a cet argent déjà. Puis, j’ai construit un local. Je ne paie pas de loyer. J’ai mis le solaire. Je me suis débarrassé des charges locatives, des salaires. Les gens nous ont aidé pour ça.”

Ensuite, a-t-il développé, “après avoir géré la Raddho, je sais ce qu’il faut faire. On a roulé sur fonds propres pendant longtemps. C’est quand on a terminé notre rapport sur les pathologies de la démocratie, qu’on est venu dire ‘’aidez-nous à éditer’’.” Puis, “nous faisons de la consultance. Nous avons produit un rapport sur la Guinée, après lequel on a été déclaré personae non grata par (l’ancien Président) Alpha Condé. On a aussi travaillé sur la Cedeao”, a-t-il appuyé.

Afrikajom center a pu alors bénéficier, dit-il, de financements de la Suisse mais “ça n’a jamais dépassé dix millions. C’est entre cinq-six millions. Il y a Osiwa qui a financé notre colloque. Il y a la fondation Konrad Adenauer, qui a financé aussi notre séminaire sur la sécurité en Afrique de l’Ouest”.

Il confie que “ce n’est pas cela qui nous fait vivre”.

 

Dié BA

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