SOCIETE

Conseil des professionnels de la santé face aux risques liés à la grève de la faim : Sonko et Cie invités à arrêter leur diète

Par Justin GOMIS – Alerte, danger ! Tel est le sens de la lettre des soignants à l’endroit de ceux qui observent présentement une grève de la faim. Au regard du danger qui menace leur vie après près d’un mois de diète, les professionnels de la santé ont décidé de tirer sur la sonnette d’alarme pour prévenir ces «jeûneurs» des risques qu’ils encourent en poursuivant cette diète. Le souci des 101 soignants signataires de la lettre, c’est de ne pas voir l’hôpital assumer les conséquences d’un fléau venu d’ailleurs.
«Nous nous adressons à vous de façon solennelle. Nous vous prions de mettre fin à cette grève de la faim, pour préserver votre santé physique et mentale, et vous permettre de garder intactes vos capacités intellectuelles», ont-ils indiqué dans une missive qu’ils ont co-signée.
D’après les soignants, même si la grève de la faim est universellement reconnue comme moyen de lutte et de protestation efficace, il n’en demeure pas moins qu’elle présente «des risques graves pouvant engager votre pronostic fonctionnel dans le court terme, mais aussi votre pronostic vital». Des risques à ne pas négliger, car leurs conséquences sur l’état de santé des grévistes de la faim peuvent être très néfastes et irréversibles.
«Sur le plan physiologique, la grève de la faim comporte plusieurs étapes : la sensation de faim, intense les premiers jours, disparaît progressivement pour laisser place à un état de cétose anorexiant qui se traduit par une asthénie physique et psychologique.
Une cétose est un état métabolique pendant lequel le corps va puiser son énergie dans les graisses, et l’anoxie est la diminution de la quantité d’oxygène que le sang distribue aux tissus.
Le corps commence, alors, à puiser dans les réserves graisseuses puis, après une dizaine de jours, ce sont les réserves musculaires qui sont mobilisées, entraînant le risque de séquelles graves et irréversibles. Les fibres musculaires sont atteintes, le foie, le rein et le cœur perdent de leur masse. Le corps s’auto consume peu à peu.
A partir de la cinquième semaine, le gréviste entre dans une phase de turbulences, marquée par une forte déshydratation, un assèchement du corps, l’apparition de troubles urinaires, d’œdèmes, de troubles cérébraux et neurologiques qui peuvent entraîner la mort à tout moment», ont expliqué les professionnels de la santé. Avant d’indiquer le seuil à ne pas franchir.
«La durée moyenne de résistance de l’être humain à une grève de la faim est comprise entre 45 et 65 jours», ont-ils prévenu dans leur missive adressée à Ousmane Sonko et ses camarades, qui refusent de s’alimenter bientôt un mois pour revendiquer leurs droits élémentaires qu’ils estiment bafoués par les autorités en place.
En tout cas, les soignants sont clairs dans leur lettre. «Entrer en grève de la faim, c’est donc devenir de plus en plus faible, tant sur le plan physique que psychologique. Entraînant ainsi un cercle vicieux qui réduit fortement les pouvoirs et capacités de prise de décisions concernant son propre état de santé», ont-ils dit pour exprimer leur solidarité, mais aussi leur grande inquiétude quant à la poursuite de la grève de la faim observée par les détenus. Car «la vocation originelle et constante de l’hôpital est de soulager et soigner les maux, certainement pas d’assister impuissant à l’aggravation de la situation», ont-ils rappelé.
Par ailleurs, les soignants ont tenu aussi à préciser leur position par rapport à cette situation qui suscite des débats dans le pays. «L’hôpital ne doit pas être perçu ou transformé en une annexe carcérale à très forte fréquentation, au risque de se mettre en porte-à-faux avec les principes  déontologiques et les droits intangibles des malades, notamment le droit à  l’information de leurs proches et leurs droits de recevoir des visites. Il ne faudrait surtout pas que l’hôpital devienne, à son corps défendant, un acteur du jeu politique, situation délétère qui ne favorise absolument pas un climat de sérénité pour les soignants et pour les usagers. L’hôpital doit rester un endroit neutre de toutes considérations politiques», ont averti les soignants.

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