Comme à chaque fois, la contribution de la diaspora sur l’économie des pays africains est au centre des discussions. Par exemple, les transferts formels faits par les migrants tournent autour de 10, 5% du Pib, représentent plus que l’’aide au développement, plus que l’investissement direct étranger.
Par Justin GOMIS – Quelle est la contribution de la migration en Afrique ? Pendant deux jours, les experts des pays de l’Afrique du Nord et de l’Ouest, réunis dans la capitale sénégalaise, vont essayer de trouver une réponse à cette question dans le cadre d’un atelier de partage d’expériences organisé par la Commission économique pour les Nations unies. L’objectif de cette rencontre est de voir comment pouvoir tirer profit de l’apport de la diaspora sur le plan économique. «Ce sont des moments de partage d’expériences des uns et des autres. Comment on peut apprendre des autres ? Comment pouvons-nous aussi tirer profit de la diaspora ? Nous voulons voir comment faire de la diaspora un levier économique et social», indique El Hadji Karim Cissé, Conseiller technique au ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur. Il explique : «Nous avons besoin de prendre en compte l’ensemble des préoccupations de la diaspora.»
C’est pour cette raison que les débats vont porter sur des questions de droits humains, de transferts d’argent, d’expertise et aussi des questions liées aux documents administratifs. Selon le Conseiller technique au ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, «au-delà de la diaspora, il y a aussi la question des étrangers vivant au Sénégal». «Quand on parle de document national en migration, ce n’est pas simplement pour des Sénégalais qui sont à l’étranger, mais aussi des étrangers qui vivent au Sénégal, et même là aussi, toutes les questions de mobilité interne», ajoute-t-il. Ce qui est considéré comme la cause profonde de la migration est passé en revue, y compris la question de transfert, sans oublier les défis majeurs comme la maîtrise des données statistiques. «Sans données statistiques fiables, nous aurons beaucoup de difficultés à faire une bonne planification», enchaîne-t-il.
Par ailleurs, la question de l’investissement productif a été au cœur des débats. En fait, l’essentiel des transferts de la diaspora sont orientés vers la consommation courante. «C’est encore mieux d’orienter une partie de ces transferts à l’investissement pour avoir un impact au niveau du pays. Cela doit avoir un impact au niveau du pays d’origine, mais aussi dans l’économie nationale pour créer des emplois durables dans les régions», a-t-il dit. D’où l’importance «de prendre en compte ces zones de départ et développer l’équité territoriale et ces zones pour pouvoir apporter des réponses adaptées».
Par ailleurs, il a été relevé aussi l’importance de la migration comme levier de développement économique. D’après M. Cissé, les transferts formels faits par les migrants tournent autour de 10, 5% du Pib. Ils représentent plus que l’aide au développement, plus que l’investissement direct étranger. Ce n’est pas tout : «les investissements réalisés en termes d’infrastructures dans les localités d’origine, comme les écoles, les centres de santé, des barrages hydrauliques par les diasporas, sans compter aussi tout ce qui est transfert de partenariats, de compétences, entre autres», liste M. Cissé.
Il faut ajouter à cette contribution de la population émigrée, les transferts non financiers. «La diaspora regorge aujourd’hui d’experts et de compétences. On a besoin de ces compétences pour venir travailler et apporter une contribution. Je donne l’exemple du pétrole et du gaz. Nous avons découvert le pétrole et le gaz, mais on n’a pas beaucoup d’experts dans ce domaine. Mais, nous avons des Sénégalais vivant à l’étranger qui ont des compétences dans ces domaines. On a besoin d’eux pour développer ces secteurs. La contribution est globale. Elle est une contribution financière, dans les compétences, dans les expertises, dans la coopération. Les diasporas facilitent les coopérations entre les localités. C’est pour dire que c’est une question essentielle», a-t-il soutenu.
Malgré tous ces avantages, la migration irrégulière est mal perçue. Pour y remédier, Ibrahima Lô, président l’Ong Défi développement par l’éducation, la formation et l’insertion, il faut agir sur le mental des Africains pour l’éradiquer. En attendant, les représentants des différents pays vont partager leurs expériences pour apporter les réponses escomptées.