POLITIQUE

Dégel – Accompagnement des sinistrés des violents heurts entre pêcheurs de Cayar et Guet-Ndar : L’Etat tarde à respecter ses engagements

Après les douloureux affrontements d’avril dernier entre les communautés de pêcheurs de Cayar et Guet-Ndar, aux larges de Cayar, ayant causé un mort, des blessés graves et d’importants dégâts matériels, l’Etat avait été interpellé sur la nécessité de respecter son engagement d’accompagner les sinistrés, afin qu’ils puissent reprendre leurs activités économiques. Malheureusement, alors que l’heure est maintenant à l’apaisement, les gens de mer s’étant donné la main pour «déchirer» la page des conflits, aucune promesse n’est jusqu’ici tenue.

Par Cheikh CAMARA – Cayar et Guet-Ndar se sont donné enfin la main. Deux journées de réconciliation ont été respectivement organisées par les deux communautés de pêcheurs de Cayar et de Mboro d’origine guet-ndarienne, qui ont décidé d’enterrer définitivement l’épisode de la douloureuse parenthèse des affrontements survenus en avril 2023, aux larges de Cayar, avec un mort, une trentaine de blessés à des degrés divers, des dégâts matériels importants avec des pirogues et des filets incendiés. Et c’est à ces occasions qu’a été évoquée la nécessité, pour l’Etat, de respecter son engagement d’accompagner les sinistrés, afin qu’ils puissent reprendre leurs activités économiques. Mor Mbengue, coordonnateur des Conseils locaux de la pêche artisanale (Clpa) de Cayar,  a insisté sur la nécessité de trouver les mécanismes permettant de maintenir la paix entre Cayar et Saint-Louis, d’autant plus qu’à ses yeux, il s’agit de deux communautés qui constituent une même et seule famille. D’après lui, ces malheureux évènements ont occasionné des dégâts importants, avec des pêcheurs qui ont perdu tout leur matériel de travail, mais aussi des blessés graves. Et lors du dernier Conseil des ministres décentralisé de Thiès, le Président Macky Sall avait donné des instructions aux différents ministères, pour la prise en charge des sinistrés. Il s’agissait, dit-il, de soigner les blessés et de motiver les sinistrés afin qu’ils puissent reprendre leurs activités économiques, d’autant plus que le matériel de pêche coûte très cher. Mais depuis lors, se désole-t-il, rien n’a encore été fait. «C’est pourquoi nous allons mettre en place un collectif, regroupant les sinistrés de Cayar et de Saint-Louis, pour porter cette demande auprès des autorités», a-t-il poursuivi. Pour le maire Alioune Ndoye, le respect de cet engagement de l’Etat est une nécessité urgente, car la saison de pêche va bientôt démarrer à Cayar, alors que certains ont perdu du matériel valant 30 à 50 millions de F Cfa et qui n’ont actuellement aucun appui pour se livrer à leurs activités. Il s’agit de gens qui ont pris la décision de rester au terroir pour travailler alors que l’émigration clandestine bat son plein, d’où le devoir pour l’Etat de les accompagner. Selon lui, si cet aspect est réglé, toutes les démarches entreprises aujourd’hui pour asseoir une paix durable pourront être cimentées, pour aller vers un climat de sérénité pérenne. L’adjoint au sous-préfet de Keur Mousseu, Cheikh Seck, souligne, pour sa part, que tout le monde a regretté les malheureux évènements, et la présente situation montre que les pêcheurs ont tous tiré les leçons, afin d’ouvrir une nouvelle page. Ce qui est aussi formidable pour lui, c’est qu’ils se sont dit des vérités, car toute activité doit reposer sur des normes acceptées par tous et qui ne doivent être transgressées par aucune des parties. En ce qui concerne les engagements de l’Etat qui n’auraient pas été respectés, il a demandé de lui faire la situation actuelle, afin de la faire passer au niveau supérieur. En tout état de cause, Pierre Mboup, président de la Commission de la prévention des conflits au niveau des Conseils locaux de la pêche artisanale (Clpa), estime qu’il faut la mise en place d’un comité de suivi, une condition sine qua non pour asseoir les bases d’une paix durable. D’après lui, l’espoir est cependant permis car les rencontres sont empreintes d’une grandeur montrée par l’ensemble des parties, qui ont accepté de se retrouver autour d’une table, pour se dire des vérités.

Dégel
A l’origine du conflit qui avait engendré ce drame, la pratique de la pêche avec le mono filament, pourtant interdite par la loi, notamment le Code de la pêche. Il s’en est suivi une période de vive tension, mais le climat est maintenant en phase d’apaisement. D’ailleurs, à l’initiative du maire de Cayar, Alioune Ndoye, les pêcheurs de Cayar et de Guet-Ndar se sont retrouvés à Cayar d’abord, puis à Saint-Louis, lors de deux journées de réconciliation, pour fermer définitivement cette parenthèse des affrontements. Pour Alioune Ndoye, maire de Cayar, il s’agit de faire en sorte que les relations soient définitivement assainies, entre deux communautés qui ont la mer en commun et qui, de ce point de vue, ne doit pas être une source de conflit. Abdoulaye Ndiaye, adjoint au maire de Saint-Louis, en charge des questions de pêche, embouche la même trompette et soutient qu’il y avait des malentendus, mais des mécanismes sont en train d’être trouvés pour les dissiper et maintenir ce climat de paix entre Cayar et Saint-Louis. Pour lui, des rencontres de ce genre doivent se tenir régulièrement, pour permettre à toutes les parties de se dire la vérité quand il le faut et veiller au quotidien sur tout ce qui peut perturber la paix. C’est ainsi d’ailleurs que la deuxième étape a été une rencontre tripartite, intégrant les pêcheurs de Mboro. Oumar Ben Khatab Dièye, coordonnateur du Conseil local de la pêche artisanale (Clpa) de Saint-Louis, est d’avis que depuis plus de 30 ans, Cayar refuse l’utilisation du mono filament dans ses eaux de pêche, ce qui est également interdit par le Code de la pêche, et presque tous les problèmes viennent de là. C’est pourquoi une sensibilisation doit être menée, pour que cette situation soit dépassée et que la légalité soit acceptée par tous.
Correspondant

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