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Palais de justice: pour des pratiques de charlatanisme, I. Thiam soutire 27 millions FCFA à un homme préoccupé par la maladie de sa femme

Une affaire de charlatanisme et d’escroquerie portant sur la somme de 27 millions FCFA au préjudice de C. Ndiaye s’est invité, ce 31 mai, à la chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Dakar. Elle implique les prévenus I. Thiam âgé de la cinquantaine et son complice la trentaine, K. Guèye. Ils sont accusés par la partie civile représentée par sa sœur Nd. F. Gadiaga de pratique d’ensorcellement ayant abouti à des manœuvres frauduleuses d’un montant de 27 millions FCFA.
Devant la barre, la partie civile est revenue à la charge.
« Mon frère C. Ndiaye avait sa femme qui était malade, il avait beaucoup dépensé pour sa guérison c’est par la suite que K. Guèye l’a approché pour lui recommander des bains mystiques et des prières auprès de I. Thiam. Ensemble, ils lui ont fait croire que sa femme encourait des risques de mourir ce que mon frère a cru avant de suivre leurs recommandations », a soutenu la représentante du plaignant.
Interpellé, le principal accusé I. Thiam a soutenu méconnaitre la plaignante.
« Je ne la connais pas c’est la deuxième fois que je vois cette femme. K. Guèye est venu me parler du nommé C. Ndiaye qui avait une femme atteinte d’une maladie mentale c’était en 2022. Depuis je formulais des prières et des offrandes en sa faveur et finalement elle est guérie », s’est justifié le mis en cause mais il sera immédiatement démenti par Nd. F. Gadiaga.
« Ce n’est pas une maladie mentale ce sont des crises d’épilepsie et la femme se soigne toujours à l’hôpital», a-t-elle répliqué.
Il ressort des débats d’audience que l’accusé I. Thiam après avoir aidé C. Ndiaye à soigner sa femme lui a fait croire qu’il pouvait aussi l’aider à devenir milliardaire. D’après l’enquête, C. Ndiaye a été victime d’envoûtement par I. Thiam qui a réussi à lui soutirer des sommes d’argent à hauteur de 27 millions FCFA.
« Il est venu solliciter des prières. Il m’a expliqué qu’il travaillait pour son père dans le commerce et qu’il voulait son propre business. C’est après que je lui ai demandé de faire des sacrifices en immolant des animaux dont un boeuf, un mouton entre autres. L’argent a permis de faire toutes ces offrandes. », a répondu I. Thiam qui soutient pratiquer ce métier depuis 25 ans.
Revenant sur son lien avec K. Guèye, il dira que celui-ci recevait ses commissions, de l’argent qu’il percevait de C. Ndiaye.
« C’est K. Guèye qui m’a mis en rapport avec C. Ndiaye et il m’a dit qu’il avait de l’argent et que si je lui en demandais, il allait m’en donner», a dit I. Thiam. Pour sa part, le complice K. Guèye a démenti devant la barre avant de revenir sur le fond du problème.
« Quand je mettais C. Ndiaye en rapport avec I. Thiam c’était pour l’aider à soigner sa femme. Je n’ai jamais su que C. Ndiaye lui avait envoyé une telle somme d’argent. Quand je l’ai su je suis allé voir I. Thiam pour lui demander de rembourser l’argent », a indiqué K. Guèye.
Interpellé sur les prières et les bains mystiques dont a été victime le plaignant, I. Thiam a renseigné lui avoir prodigué des pratiques conformes à l’islam.
« Je lui ai donné des bains accompagnés d’écritures du Coran. Je lui ai fait sortir des offrandes entre autres. Par exemple l’écriture de 313 Ayatul kursiyou, 313 bakhara, etc étaient le genre de formule que j’utilisais. Je puisais tout cela du Coran qui renferme des secrets immenses. Après les prières pour sa femme, je lui faisais des prières pour une ouverture dans les affaires. », a dit I. Thiam.
«Êtes-vous riche ? », lui demande le procureur qui cherchait en à savoir plus sur ses pratiques.
« Non, je ne le suis pas», a répondu I. Thiam.
« Tu n’est pas riche et tu crois que tu peux formuler des prières pour rendre riche une personne ? », ajoute le maitre des poursuites.
« Oui, j’y crois je l’ai fais pour des commerçants », a-t-il dit.
Dans sa réquisition, le procureur a relevé la constance sur l’escroquerie. Selon lui, l’accusé I. Thiam a joué sur la conscience de son client C. Ndiaye grâce au charlatanisme pour lui soutirer des sommes d’argent. Sur les manoeuvres frauduleuses, il admet qu’elles ne souffrent d’aucune contestation de même que le délit de charlatanisme car selon le magistrat, la victime a affirmé avoir été envouté. Il a aussi confirmé la matérialité du délit de complicité qui frappe K. Guèye car l’ayant aidé à soutirer de l’argent à K. Ndiaye. Pour le parquet, les deux ont profité de la naïveté de la victime qui avait une femme malade pour matérialiser leur forfait. Le magistrat a requis 2 ans d’emprisonnement ferme contre I. Thiam et 1 an ferme contre son complice K. Guèye.

Dans sa plaidoirie, la défense notamment de K. Guèye a rejeté le délit de complicité de charlatanisme en évoquant la guérison complète de la femme de C. Ndiaye.
« Si sa femme n’était pas guérie, les relations n’allaient jamais se poursuivre. Si cela a duré c’est parce que effectivement, il y a eu guérison et s’il y a guérison on ne peut pas poursuivre K. Guèye du délit de complicité de charlatanisme», a déclaré l’avocat. Sur l’escroquerie, le conseil a aussi démonté la charge pour tirer d’affaire son client.
« On n’a jamais vu K. Guèye se présentait au domicile de I. Thiam pour une quelconque transaction. Il a dit ici devant la barre qu’il n’était pas au courant des sommes d’argent que C. Ndiaye envoyait à I. Thiam.», a soutenu le conseil qui a plaidé la relaxe de K. Guèye.
 I. Thiam qui n’a pas été assisté par un conseil a demandé la clémence de la juridiction en s’engageant à payer les 27 millions FCFA dans un délai de 6 mois.
L’affaire a été mise en délibéré au 7 juin prochain

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