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Amadou Moctar Mbow dépose les armes ! (Abdou Latif Coulibaly)

Comme disait l’autre, à juste titre, «vivre c’est combattre». C’est encore plus marquant pour un être humain qui a eu la chance de vivre 103 ans. Amadou Moctar Mhow a déposé les armes et lâché le combat, en tirant sa révérence à Dakar, en cette matinée du mardi 24 septembre 2024. Le vieux s’est éteint en laissant derrière lui une œuvre inestimable pour le compte de son pays, mais aussi pour toute l’humanité. Saluons ensemble la mémoire de cet immense intellectuel, en nous montrant fiers de lui et de tout ce qu’il a accompli, pour le bénéfice de l’être humain.

Amadou Moctar Mbow aura beaucoup apporté à son pays et à la communauté internationale. Ill travailla résolument pour rendre moins affligés tous ceux qui ont été accablés par l’ignorance, l’analphabétisme, la sous information et le dénuement imposé par le manque de connaissances et de savoir. Il s’est vite révélé dans son pays, comme un modèle achevé dans sa manière de conduire sa mission d’éducateur. Il s’est ensuite posé comme un homme politique d’une dimension exceptionnelle. Il marquera les esprits par son art de conduire les départements ministériels qu’il a eu le privilège d’occuper au Sénégal. On notera son passage au ministère de l’Education où son départ prématuré rendu inévitable par la fameuse grève scolaire et universitaire de l’année 1968 n’aura rien enlever à son remarquable travail de réformateur d’un système éducatif en voie de construction, engagé juste après l’indépendance du pays.

A cet égard, nous pouvons convenir qu’Amadou Moctar Mbow a été un immense visionnaire, inventif et innovant surtout dans sa manière de prendre les problèmes d’ordre pédagogique, ceux liés à l’évaluation du système, dans tous les ordres d’enseignement. Ainsi que d’autres problématiques liées à la vie scolaire et parascolaire des apprenants. La question nodale de l’orientation de l’école et de la finalité des apprentissages, Amadou Moctar Mbow savait s’y prendre, comme en témoignent ses contemporains. Il appuyait sa démarche dans une perspective systémique, holistique et systématique pour en saisir tous les enjeux. Quelle intelligence opérationnelle ! Cette approche systémique permettait de mieux comprendre les problèmes de l’éducation dans un jeune Etat, sortant à peine d’un asservissement colonial de plus de deux siècles. Et dire que cette colonisation avait mis en place un système d’éducation foncièrement extraverti, orienté vers une satisfaction prioritaire des besoins de la colonie impériale. Une école à réinventer dans un pays venant à peine de se libérer des mains de la puissance coloniale.

Sa capacité à conduire des réformes audacieuses, utiles et surtout novatrices pour la nouvelle école naissante, explique le choix porté sur lui par l’ancien président Léopold Sédar, pour diriger le ministère de l’Education. C’était au moment où les deux partis : l’Union Progressiste Sénégalaise (UPS), le Parti pour la Renaissance Africaine (PRA), par le biais d’une fusion absorption, se sont retrouvés, pour gouverner ensemble le pays. En juin 1966, Amadou Moctar Mbow entre dans le gouvernement en y occupant le département de l’Education nationale, alors que son ami Assane Seck hérite du portefeuille de la Culture. Amadou Moctar Mbow sera emporté par la légendaire grève des étudiants de l’année 1968. Il prend ensuite le portefeuille de la Culture des mains de son camarade Assane Seck.

Amadou Moctar Mbow dépose les armes ! (Abdou Latif Coulibaly)

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